Le don en France

On a parfois l’impression que le mécénat, et plus largement la philanthropie, se sont développés plus tardivement en France que dans les pays anglo-saxons, cependant la France a une longue histoire dans ce domaine.

La France est historiquement marquée par le mécénat. Mécène était romain, et François Ier était surnommé le « roi mécène ». Notre histoire semble ponctuée par des figures de la générosité individuelle. Pourtant notre devise porte le sceau de la fraternité et notre système social, éducatif et culturel est basé sur la redistribution, avec une prédominance du public dans notre vie.

Le don s’est fait discret jusqu’à récemment, pour des raisons assez variées. D’abord parce qu’on trouve souvent qu’il est déplacé de parler d’argent, et encore plus de montrer que l’on en a. Ensuite, parce que, contrairement à d’autres, l’État français s’est emparé de beaucoup de causes d’intérêt général. Enfin, parce que nous avons historiquement une méfiance quant à l’ingérence de financements privés dans des domaines dits publics. La suprématie de l’Etat est une tradition qui a la peau dure.

Pourtant, la générosité des individus et des entreprises est vive en France. La richesse de notre système de don réside dans la variété des organismes à but non-lucratif (associations, fondations diverses, fonds de dotation…) et dans son système fiscal hautement incitatif.

De l’appel de l’Abbé Pierre, pendant l’hiver 1954, à la proposition de Coluche, lors d’une émission de télévision de 1986, de défiscaliser les dons des particuliers aux associations, les initiatives ont été nombreuses face aux inégalités croissantes.

Dans les années 80, se pose donc la question de réformer le système et de l’élargir au mécénat d’entreprises, comme l’ont fait, devant les difficultés de financer leurs actions, les pays anglo-saxons. En 1987 et 1988, la loi Léotard et la loi dite Coluche permettent de commencer à rattraper le retard de la France à ce sujet.

S’il a été inspiré des dispositifs britanniques et allemands, notre système de mécénat est aujourd’hui envié par de nombreux pays. Le projet, conçu et soutenu tout spécialement par le secteur culturel dans les années 90, a donné le jour en 2003 à la célèbre loi Aillagon, couvrant tous les secteurs de l’intérêt général.

La France possède un système d’incitation aux dons unique au monde. L’élément majeur, c’est une importante déduction fiscale, révolution pour la générosité. 

Les associations et fondations sont très nombreuses, les besoins alarmants, le climat morose mais la générosité est dynamique, le public présent, les bénéficiaires souriants et les initiatives riches. C’est cela qui justifie quotidiennement le dispositif fiscal ; parce que donner plus en payant moins d’impôts, c’est finalement un peu normal et surtout très efficace, même si ça ne fait pas tout. Et puis être incité à donner, c’est pouvoir plus facilement choisir les projets que l’on soutient. 

Le secteur caritatif est nécessaire à une société, et l’entrain de ceux qui le font vivre, de quelque manière que ce soit, capital. Chaque maillon de cette chaîne est important.

Un article de Flavie Deprez pour Carenews


Source

http://www.carenews.com/fr/news/1974-le-don-en-france