Le crowdfunder, un héros éphémère?

Le financement participatif fait beaucoup parlé de lui en ce moment. Les plateformes se multiplient et abritent toujours plus de projets dans de nombreux domaines. Cependant, même si l’accompagnement des porteurs de projet se professionnalise, l’animation de la relation avec les « actionnaires » du projet va rarement au delà du temps de la levée de fonds. 

Crowdfunding. Nom commun encore inconnu du grand public il y a deux ans, qui suscite un fol espoir pour les uns, une certaine interrogation chez les autres. L’espoir? C’est celui d’un nouveau mode de financement, en particulier des très jeunes entreprises, voire de simples projets, dans une logique participative éminemment positive. Avec le crowdfunding, n’importe quel particulier peut se transformer en investisseur, financer un projet, une technologie ou une équipe qu’il estime digne d’être soutenu.

Le potentiel du crowdfunding est immense: il permet ainsi à chacun d’accéder à sa part de rêve. C’est le meilleur moyen pour un particulier d’accéder directement aux entreprises, de participer à leur développement et, pourquoi pas, de contribuer à l’essor des stars de demain. C’est donc une très bonne nouvelle pour l’économie française, l’épargne entrepreneuriale et les projets d’entreprise, d’autant que la France est pionnière dans cette nouvelle industrie pour laquelle elle met progressivement en place les garde-fous nécessaires.

Mais… il y a en effet souvent un « mais » quand une idée semble aussi lumineuse. Pour que le crowdfunding ne vire pas du rêve au cauchemar, il faut être en mesure d’accompagner, parfois de protéger, ces « apprentis investisseurs » car personne ne s’improvise investisseur. Les plateformes dédiées à ce mode de financement sont des intermédiaires qui réussissent fort bien la collecte mais sont-elles équipées pour le service après-vente, à savoir la gestion desdits investissements?

Car cette gestion est essentielle, être actionnaire direct n’est pas anodin, cela implique des responsabilités et des décisions lourdes à prendre. Le rôle du gestionnaire, c’est justement de défendre l’intérêt de tous les actionnaires dans le cadre de l’évolution de leur investissement, qu’il s’agisse de mettre en place un reporting et de suivre leurs entreprises au quotidien, de créer les conditions de la liquidité de leur participation, de s’occuper des convocations aux assemblées générales, des évolutions du capital, … et parfois aussi d’assumer les conséquences administratives d’une entreprise en difficultés.

Parallèlement, côté entrepreneur, la présence de 300 ou 400 investisseurs individuels au capital la société financée par le crowdfunding peut rapidement s’avérer un frein à son développement si elle n’est pas accompagnée par un spécialiste habitué à gérer ce type de situation.

A la partie émergée de l’iceberg qu’est la collecte du crowdfunding, il apparaît donc fondamental d’organiser la partie immergée, à savoir la gestion des participations prises par les investisseurs particuliers qui risquent sinon de rapidement être submergés par les contraintes liées à ce type d’investissement. Tout cela se gère. Avec professionnalisme. Notamment par le biais de sociétés de services dédiées, qui connaissent le métier d’investisseur et ses contraintes, le pratiquent souvent depuis des années, à l’instar des professionnels du capital investissement.

C’est en créant de tels services, ou en s’associant à des professionnels de l’investissement pour se concentrer sur leur rôle d’intermédiaire, que les pionniers du crowdfunding feront de leur activité naissante un vrai phénomène de société. Durable.

Un article de Guillaume-Olivier Doré


Source

http://www.huffingtonpost.fr/guillaume-olivier-dore/le-crowdfunder-un-heros-ephemere_b_6309376.html